FAITS MARQUANTS:
- Lancé en 2017, le Projet de réponse au développement face aux impacts des déplacements (DRDIP) visait à améliorer les conditions de vie des populations déplacées et des communautés d’accueil à Djibouti, en Éthiopie et au Kenya. À Djibouti, il s’est concentré sur les régions d’Obock et d’Ali Sabieh, qui accueillent des réfugiés et abritent des villages comme Ali-Addeh et Holl Holl.
- Dans les zones d’intervention du projet, plus de 110 000 personnes ont bénéficié d’un meilleur accès à des écoles, des établissements de santé et à une énergie propre. Le DRDIP a également créé environ 52 000 emplois temporaires et aidé 5 600 personnes à augmenter leurs revenus grâce à des subventions, des formations et un soutien agricole.
- À Ali-Addeh, les femmes ont mis en commun de petites économies hebdomadaires au sein de groupes locaux connus sous le nom de GEA (Groupement d’Entraide par Affinités), s’accordant mutuellement des prêts sans intérêt pour démarrer des entreprises et œuvrer à l’indépendance financière.
« Mes aînés ont dû abandonner l’école car il n’y avait pas d’école secondaire dans notre village, Ils devaient parcourir 22 kilomètres à pied pour se rendre à l’école la plus proche, ce qui est tout simplement impossible dans un pays où la température dépasse souvent les 40 °C. » explique Mariam Houssein, 64 ans.
Mariam vit à Ali-Addeh, un village d’environ 4 000 habitants situé dans la région d’Ali Sabieh à Djibouti, à environ 70 kilomètres au sud de la ville. Ce village abritait également l’un des plus grands camps de réfugiés du pays. Dans les années 2010, des communautés comme Ali-Addeh ont été confrontées à des difficultés croissantes. L’accès à l’eau potable, aux soins de santé et à l’électricité était limité. Les sécheresses ont dévasté les moyens de subsistance des éleveurs, et la concurrence croissante pour des ressources rares a aggravé l’insécurité alimentaire.
« Avant, notre village avait un accès limité à l’électricité. La nuit, nous vivions dans l’obscurité, à la lumière des lampes à huile et des torches », se souvient Mariam. « C’était particulièrement difficile pour les services de base. Assister une femme en travail après la tombée de la nuit était un cauchemar. »
Le Projet de réponse au développement face aux impacts des déplacements (DRDIP), financé par la Banque mondiale, a été mis en œuvre de 2017 jusqu’à sa clôture le 30 juin 2024. Il visait à renforcer la résilience et à améliorer les conditions de vie des populations déplacées et des communautés d’accueil à Djibouti, en Éthiopie et au Kenya. À Djibouti, le projet s’est concentré sur des zones mal desservies comme Obock et Ali Sabieh. Le DRDIP s’articulait autour de cinq axes principaux : l’amélioration des infrastructures sociales et économiques, la promotion de pratiques environnementales durables, le soutien aux moyens de subsistance, le renforcement du suivi et de l’évaluation, et le renforcement de la coordination et des capacités régionales.
À Ali Addeh, le DRDIP a étendu la puissance de la centrale solaire du village, la faisant passer de 62,1 kW à 340 kW, permettant ainsi d’alimenter en électricité 354 foyers. Le projet a également étendu le réseau d’eau potable, construit des installations sanitaires et inauguré un nouveau lycée.
Dans les zones d’accueil des réfugiés – Obock, Ali Addeh et Holl Holl –, l’initiative a été menée en partenariat avec l’Agence djiboutienne de développement social (ADDS). Au total, plus de 110 000 personnes ont vu leurs services de base s’améliorer. Environ 54 000 personnes ont eu accès aux énergies renouvelables. Les sous-projets ont permis de créer environ 51 800 journées de travail à court terme et environ 5 600 personnes ont déclaré avoir vu leurs revenus augmenter grâce à des aides telles que des subventions aux petites entreprises, des kits agricoles et des formations.
« Maintenant, mes plus jeunes enfants ont terminé leurs études. Certains sont même fonctionnaires à Djibouti-ville. Avant, nous étions désespérés. Mais maintenant, l’avenir est prometteur. », a déclaré Mariam, le visage illuminé de fierté.
Mariam a également rejoint un groupe d’affinité féminin, un collectif local d’épargne et de crédit connu sous le nom de Groupement d’Entraide par Affinités (GEA). Les membres versaient 200 francs djiboutiens (DJF) chaque semaine à un fonds commun, ce qui permettait aux participantes de contracter des prêts sans intérêt pour créer ou développer de petites entreprises.
Grâce à ce groupe, Mariam a progressivement augmenté ses revenus. Elle a commencé par vendre des vêtements, puis a ouvert une boutique d’artisanat. « J’ai démarré cette activité lorsque mon mari est tombé malade. Aujourd’hui, ma boutique génère plus de 100 000 DJF (environ 563 USD) par jour », explique-t-elle.
À quelques kilomètres de là, dans le village de Holl Holl, Fatoumata Assoweh Warsame, 64 ans, se construisait elle aussi une nouvelle vie. « J’ai commencé l’agriculture en 2005, après le décès de mon mari. Je devais subvenir aux besoins de mes trois enfants », explique-t-elle.
Au début, le coût du diesel pour alimenter les pompes d’irrigation lui laissait peu de marge de manœuvre. Mais grâce au DRDIP, elle a reçu une pompe solaire, ce qui a réduit ses coûts et augmenté sa production. Elle a commencé à cultiver des goyaves, des oignons, des pastèques, des tomates et des poivrons.
« Le diesel grignotait mes revenus. La pompe solaire a tout changé. Et faire partie d’un groupement de femmes agricoles m’a permis d’ouvrir une boutique pour vendre des produits frais et d’autres marchandises. », a-t-elle déclaré.
De retour à Ali Addeh, le parcours de Mariam ne s’est pas limité à une seule boutique. Fort de son succès grandissant, elle en a ouvert une deuxième, puis une troisième, gérée par sa fille. Ses ambitions ont rapidement dépassé le cadre du village. Elle vend désormais ses produits à Djibouti-ville lors d’événements nationaux comme la fête de l’Indépendance et recherche activement un espace de vente permanent dans la capitale. « Notre région possède un magnifique patrimoine culturel », dit-elle en souriant. « Je souhaite le partager avec le reste du pays, et peut-être un jour avec le monde entier. »