
À Tadjourah, une ville nichée entre mer et montagnes, vit une jeune femme qui force l’admiration : Zahra Ahmed. À seulement 28 ans, célibataire et toujours auprès de ses parents, elle incarne une force tranquille, une beauté naturelle et surtout une volonté de fer qui lui ont permis de transformer sa vie et celle de son entourage.
– Un destin qui commence très tôt
Zahra n’a pas eu une enfance facile. Encore adolescente, elle a dû quitter l’école pour prendre la place de sa mère, trop fatiguée pour continuer à travailler. Dans ce foyer modeste où chaque franc comptait, Zahra comprit très vite que si elle voulait aider sa famille, elle devait trouver le moyen de se débrouiller seule.
C’est ainsi qu’elle se lança dans la vente de galettes traditionnelles appelées “Gacambo”. Armée de courage et d’une simple marmite, elle commença à préparer et vendre ces galettes dans son quartier. C’était peu, mais c’était le début d’une grande aventure. Avec le temps, elle réussit à ouvrir une petite boutique de boubous pour femmes, élargissant ainsi ses activités.
– Le mur de la bureaucratie
Comme toute entrepreneure ambitieuse, Zahra rêvait de développer sa boutique. Elle frappa alors à la porte d’une banque pour demander un prêt. Mais la réponse fut décourageante : on lui réclama un garant, un compte bancaire, et toute une liste de documents impossibles à fournir pour une simple commerçante. Déçue mais pas résignée, Zahra se tourna vers les tontines entre femmes, ces caisses de solidarité traditionnelle. Ces petits soutiens lui permirent de renforcer son activité, mais pas assez pour combler sa soif d’expansion.
– La rencontre qui change tout
Un jour, lors d’un séjour à Djibouti-ville, Zahra entendit parler du programme de l’ADDS et du GEA. Intriguée, elle décida de se renseigner. Cette découverte fut un véritable tournant dans sa vie. À son retour à Tadjourah, elle saisit immédiatement l’opportunité et obtint son premier prêt de 50 000 FDJ. Ce n’était pas une fortune, mais pour Zahra, c’était une bouffée d’air. Elle renforça sa boutique, gagna en confiance et continua d’avancer.
Formation après formation, crédit après crédit, elle apprit à gérer ses finances, à diversifier ses activités et surtout à épargner. Chaque pas la rapprochait de son rêve.
– De la marmite à la superette
Aujourd’hui, la petite vendeuse de galettes est devenue propriétaire d’une grande superette en plein centre de Tadjourah. L’histoire paraît incroyable : partie de presque rien, Zahra gère désormais un commerce florissant. Elle paie un loyer de 60 000 FDJ pour sa superette, emploie une salariée avec un salaire mensuel de 30 000 FDJ, continue de faire tourner sa première boutique, et assume toutes ses charges, y compris les impôts.
Son succès se traduit aussi par des chiffres impressionnants. Lors des grandes périodes comme l’Eid ou la rentrée scolaire, Zahra réalise jusqu’à 300 000 FDJ de chiffre d’affaires par jour. Un exploit qui illustre parfaitement qu’avec de la volonté et le bon accompagnement, une simple vendeuse de galettes peut devenir une cheffe d’entreprise respectée.
– Le pilier de sa famille
Au-delà de ses affaires, Zahra est devenue le soutien principal de sa famille. Elle a aidé sa petite sœur à payer ses études universitaires et subvient aux besoins de ses proches. Mais ce succès a eu un prix : le stress et la fatigue ont provoqué chez elle deux AVC. Pourtant, loin de se laisser abattre, elle a trouvé la force de continuer. Pour Zahra, chaque épreuve est une raison supplémentaire de se battre.
Une ambition sans limite
Et Zahra ne compte pas s’arrêter là. Dans un avenir proche, elle veut ouvrir le premier salon de coiffure moderne à Tadjourah. Elle a déjà acquis une partie du matériel nécessaire. Elle nourrit aussi l’ambition de se lancer dans la vente de meubles : chambres à coucher, salons, équipements modernes… Son esprit d’entrepreneure bouillonne encore d’idées.
– Une femme qui inspire d’autres femmes
Zahra n’est pas seulement une entrepreneure accomplie, elle est aussi une source d’inspiration. Elle a déjà conseillé trois femmes de Tadjourah, qui, grâce à ses encouragements, ont lancé leurs propres activités. Son message est simple mais puissant :
« Une femme ne doit jamais baisser les bras. Même quand tout semble impossible, il y a toujours un chemin pour réussir. »
– L’ADDS, un partenaire de vie
Zahra ne manque pas de souligner le rôle central de l’ADDS dans son parcours. Pour elle, aucune autre institution à Djibouti n’offre la chance qu’elle a eue : obtenir des crédits sans garants, sans paperasse compliquée et sans exiger un emploi stable ou un compte bancaire. L’ADDS lui a permis de transformer son rêve en réalité et de prouver que l’entrepreneuriat féminin est une véritable clé du développement local. « Je suis partie d’une simple marmite de galettes. Aujourd’hui, grâce à l’ADDS, je dirige une supérette et j’emploie d’autres femmes. »
Aujourd’hui, Zahra Ahmed est plus qu’une commerçante prospère. Elle est un symbole de résilience, d’ambition et d’espoir pour toutes les femmes de Tadjourah et d’ailleurs.


















