Dans sa lutte contre la réduction de la facture énergétique, le gouvernement n´a eu de cesse de signer de nombreux accords de coopération et de convention de financement en matière d´énergie renouvelables pour en premier lieu palier à cette dépendance au fuel de notre énergie. C´est à ce titre que l´énergie renouvelable reste pour l´Etat, l´énergie du futur, et la solution a notre équation énergétique. Des laboratoires du Centre de Recherche de Djibouti, à l´EDD, nous avons discuté avec les hommes qui suivent ses projets pour d´une part savoir leurs effectivités mais aussi leurs efficacités. De l´éolienne, en passant par le solaire jusqu´à l´énergie géothermique nous allons traiter dans cette présente édition, l´état actuel des choses.
L´une des énergies considérées comme la plus écologique de ce troisième millénaire est entre autres l´énergie éolienne. C´est une énergie que le gouvernement djiboutien compte développer à moyen terme. C´est dans les années 1980 que les éoliennes ont fait leur apparition a Djibouti. A l´époque, c´est l´ISERST, l´ancêtre de l´actuel CERD qui les avait installées pour le pompage d’eau en milieu rural. Une vingtaine d’années plus tard, en 2002 exactement, la Présidence de la république a financé un programme d’évaluation de la ressource éolienne sur l´ensemble du territoire, confié au CERD. Une fois les campagnes de mesure terminées, des nombreux sites ont montré des potentiels éoliens considérables. Le site du Goubet, à l´entrée du Golfe de Tadjourah a été identifié comme l’un des sites les plus prometteurs à la fois en termes de potentiel mais aussi en termes d’accessibilité.
Selon Dr Idriss Hared, chef du laboratoire des énergies renouvelables au Centre de Recherche de Djibouti ‘CERD’ un certain nombre d’investisseurs montrent aujourd’hui un intérêt pour le développement de l’éolien à Djibouti. Des discussions avancées ont été engagées avec l’Agence Française de Développement pour le financement d’un parc éolien sur le site de Ghoubet ’’.
Idriss Hared nous a confirmé également que le pays avait acquis aujourd´hui des compétences avancées dans le domaine des énergies renouvelables.
Le chercheur a cependant relevé un défaut important de l’énergie éolienne qui est sa variabilité. En effet nous a-t-il dit la vitesse du vent sur un site n’est pas constante et peut montrer des variations qui peuvent être très importantes même sur des très courtes périodes de l’ordre de la minute voire d’une dizaine de secondes. Et cela pose un grand problème pour l’intégration au réseau des éoliennes. Ces très rapides variations peuvent causer des instabilités sur le réseau électrique comme par exemple une rapide augmentation ou chute de la tension ou de la fréquence.
C’est pour ces raisons que le taux de pénétration de l’énergie éolienne doit être maintenu à moins de 20%. Des solutions de stabilisation de la variabilité de l’énergie éolienne comme le pompage turbinage existent. Le CERD s’intéresse de près à cette solution qui pourrait être mise en œuvre entre le Ghoubet et le Lac Assal. Nous menons actuellement des travaux de recherche pour étudier la faisabilité de cette technique à Djibouti.
Si les résultats s’avèrent positifs, la donne en matière d’énergie pourrait changer puisqu’on combinerait le grand potentiel éolien du Ghoubet avec un réservoir hydroélectrique infini qui serait la mer. La contrainte majeure que nous cherchons à résoudre dans nos simulations est le remplissage du Lac Assal. Les travaux que nous menons ont pour but de montrer qu’il est possible d’utiliser un pompage turbinage assisté par l’éolien entre le Ghoubet et le Lac Assal tout en minimisant l’impact sur le Lac Assal en terme de remplissage. En somme ce qu’on appelle un problème d’optimisation multi objectif.
Le solaire… L’énergie solaire se décline sous deux formes que sont le photovoltaïque et le thermique ; le thermique se déclinant lui-même en plusieurs applications allant de la production d’eau chaude aux centrales thermodynamiques de grande taille.
Le photovoltaïque est très répandu à Djibouti dans des applications allant du pompage d’eau en milieu rural à l’électrification rurale ou périurbaine. Selon le Dr Hared, l’utilisation du photovoltaïque se justifie largement dans les régions isolées du réseau électrique mais son utilisation dans les villes en tant que solution autonome de production d’énergie de qualité reste à démontrer.
Là où le réseau électrique existe, il est beaucoup plus économique de s’abonner et puis d’utiliser l’énergie de façon rationnelle c’est-à-dire de façon efficace. L’utilisation des lampes économiques, l’achat de réfrigérateurs adaptés ou l’adoption des techniques de rafraîchissement passif peuvent aider à consommer moins d’énergie.
Le solaire thermique pourrait se décliner dans deux applications à Djibouti selon ce chercheur : la climatisation des grands bâtiments et la production d’électricité avec des centrales thermodynamiques à l’échelle des dizaines de mégawatt. Il a ajouté que le CERD s’intéresse de près à la façon d’utiliser la climatisation solaire dans les grands édifices. En ce qui concerne le solaire thermodynamique, les coûts d’investissement conséquents sont un facteur limitant pour l’instant pour la République de Djibouti.
L’énergie géothermique… C´est un vieux rêve djiboutien qui est proche de se réaliser à court terme. C´est en 1970, sept ans avant l´ indépendance du pays que les premières études géothermiques ont été menées. Selon Abdou Mohamed Houmed, chargé des ressources géothermiques à l´Electricité de Djibouti, ‘EDD’ entre 1973, 75 jusqu’ au début de l´année 1983, six forages ont été réalisés à HANLE et au Lac-Assal, et à chaque fois, le résultat était positif mais on a du abandonner à cause de la salinité élevée des puits.
Apres quatre ans d´attente, les prospections ont repris en juin 1987 au Lac-Assal ou quatre forages ont été réalisés à hauteur de quatre millions de dollars le forage, grâce à un financement de la BAD , de l´OPEC et du gouvernement italien. Là aussi, le fort taux de salinité a été le principal obstacle et la technologie a fait défaut comme en témoigne Abdou Houmed.
C´est en 2005 que les islandais sont arrivés. Les études géophysiques qu’ils ont menées, ont montré qu’il y avait beaucoup de chances de découvrir des fluides moins salés. Vers la fin du mois de juin 2008, les études préliminaires ont pris fin.
Le coût total du projet qui va être financé par la Banque Mondiale , la Banque Européenne d´ Investissement et l´Islande est de 170 millions de dollars US.
Ce partenariat conclu avec l´Islande, pays disposant d´un capital d´expérience certain et ayant des similitudes géologiques avec notre pays, est très enrichissant. La coopération avec l´Islande est notamment axée sur l´exploitation de notre potentiel géothermique.
La société Reykjavik Energy qui a comme nous l´avons dit plus haut, réalisé une étude de faisabilité devrait réaliser les autres phases du projet de développement géothermique, à savoir une étude de faisabilité de 3 forages profonds de 2500 mètres, et la construction d´une centrale électrique d´une puissance de 50MW dans un premier temps.
‘’Malgré un retard considérable, et la crise qu´a connu l´Islande, je ne pourrais vous dire quand le programme va redémarrer mais les derniers contacts avec nos partenaires me poussent à être optimiste’’, a ajouté l´ingénieur de l´EDD.
Il est clair aujourd´hui que le développement géothermique aboutira vers cette étape d´industrialisation tant attendue. Ceci permettra sans aucun doute à court terme aux Djiboutiens d´avoir une énergie ´made in Djibouti´, écologique et à faible coût.